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Espoir d'1 rat vert
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16 novembre 2013

Immigration

Ça fait longtemps que j'avais prévu d'écrire sur le sujet. Alors que Nicolas Sarcophile et Rita Verdonk prônent "l'immigration choisie", je pensais qu'il était plus que temps de m'y mettre. Mais le sujet est délicat. Tout argument doit clairement prouvé en quoi il n'est ni xénophobe ni irréaliste pour ne pas risquer d'être incendié de toute part. Le sujet est également multiple. Les questions sont souvent liées entre elles. Des notions politiques, économiques, agraires mais aussi par exemple des clichés xénophobes comme la prétendue paresse de certains se recoupent et demandent des explications.

C'est finalement l'évidence de l'inhumanité illogique de certaines expulsions qui m'aura donné l'impulsion suffisante pour tenter d'assembler toutes ses données dans un texte unique sur l'immigration. En effet, y-a de quoi remettre en cause les choix de cette immigration choisie : Quand des personnes qui connaissent uniquement la France, parfois y sont nés, sont en voie d'expulsion vers un pays dont ils ne connaissent parfois même pas la langue, sous prétexte qu'ils sont mineurs de parents non régularisés ; De même aux Pays-Bas, lorsqu'une intellectuelle dynamique et courageuse, des plus intégrés, impliqués (députée) est considérée comme indésirable, sous prétexte d'application stricte de règles dont l'humanité et même la logique sont indéfendables.

migrations

L'immigration n'est pas qu'une question de politique électorale dans les pays cibles1. Impossible de parler de la (les ?) question de l'immigration sans aborder les questions de rapports mondiaux.

Développement mondial

Il est évident que la principale cause d'immigration est le déséquilibre des richesses entre les pays. Il est légitime de vouloir immigrer vers un pays plus riche, pour vivre dans de meilleures conditions. Des activités clandestines dans les pays riches, y compris la prostitution, sont parfois plus intéressantes que les possibilités dans le pays source. Pour autant les pays cible ne peuvent pas les accueillir tous et leur fournir les mêmes droits et possibilités (salaire, logement, santé…) que ceux des nationaux. Mais ne pas pouvoir "accueillir toute la misère du monde" ne doit pas servir d'argument pour cultiver la misère. Or c'est ce qui se passe bien souvent. Sont choisis les personnes les plus intéressantes économiquement dans les pays source, qui s'en retrouvent amputés. Et sont laissés tous ceux qui intéressent moins. C'est cultiver la misère, puisque les pays riches s'approprient les forces vivent des pays pauvres. Ils exercent leur pouvoir matériels sur les plus pauvres, pour le renforcer. C'est une exploitation mondiale écœurante.

Pour limiter l'immigration, dont clandestine, il faut limiter les motifs d'immigrations, et pour ça favoriser le développement des pays les plus pauvres et non les appauvrir au profit de la domination des pays riches.

Se pose alors la question du développement. Les grandes puissances matérielles arborent leurs "aides au développement". Mais que font-elles vraiment pour le développement mondial ? Ou plutôt contre : Elles prennent les "cerveaux" des pays pauvres, et avec eux leur richesse personnelle. Elle donnent de l'argent aux gouvernements qui fomentent souvent des rebellions dans un pays voisin (qui souvent fait de même). Argent qui part donc dans l'achat aux pays riches d'armement. Marché qui, quand il n'est pas légal, n'est pas combattu avec zèle. Si les autorités se donnaient la peine (d'un coté ou de l'autre) de contrôler le fret international, il n'y aurait pas tant d'armement en circulation. Le marché / trafic passe par des (aéro)ports. Il est donc aisé de surveiller les transports de marchandises entre par exemple l'Europe et l'Afrique. Il est connu que le plus gros des transports dans ce sens est affecté à l'armement. De quoi s'interroger sur la volonté des pays riches. Il semble qu'ils préfèrent s'enrichir en fournissant aux populations pauvres les moyens de s’entre tuer.

Beaucoup ont vite fait d'accuser la corruption des pays qui reçoivent des aides. Mais dans ce cas, il ne faut pas donner d'argent aux corrompus. Certes les gouvernements des pays riches ne sont pas des ONG. Il doivent passer par les gouvernements des pays pauvres. Ils n'ont alors qu'à fournir autre chose que de l'argent qui peut partir (et le fait) dans la poche de certains et dans l'achat d'armement. Ils n'ont qu'à fournir des moyens techniques (dont sanitaires), des connaissances scientifiques, etc… Par exemple en Inde : Pour développer le pays, une chose à faire serait de réaliser, à l'instar de ce qui y existait dans l'antiquité, des grands réservoirs d'eau qui font tampon aux variations de débit des grands fleuves du pays. Ça permet d'avoir de l'eau en toute saison et de limiter les inondations de la mousson. Or si les pays riches veulent être utiles au développement, ils n'ont qu'à payer les travaux et fournir le matériel qui manquerait. La main d'œuvre serait celle du pays. Y compris les ingénieurs, puisque ce n'est apparemment pas ce qu'il manque à l'Inde, quand les pays riches ne les lui arrachent pas. Il y a probablement sur place les matériaux et les entreprises pour les fournir. De même, nombre de pays africains au bord d'un océan ont plus besoin d'usines de filtrage de l'eau de mer et de dispositifs d'irrigation que d'argent donné au gouvernement qui en fait ce qu'il veut.

Quand aux connaissances scientifiques, ce pose le problème de la vision capitaliste des monopoles et des brevets. Les pays riches préfèrent souvent exploiter les pauvres que leur donner les moyens de se développer. Malheureusement plus un pays est riche plus ses connaissances sont grandes et inversement. C'est logique, mais je ne me lancerai pas dans une longue explication que je présume inutile2. Les capitalistes préfèrent donc la liberté de circulation des marchandises et flux économiques (liberté d'une minorité de s'enrichir au détriment du plus grand nombre) plutôt que la liberté de circulation des savoirs et expériences gratuits. Pour avoir droit à des semences de qualités, il faut les payer aux sociétés qui en ont le monopole grâce au brevet. Il est par contre interdit de les reproduire, quand les industriels ne s'arrangent pas pour rendre leur semences stériles. Dans cette vision de l'économie et de l'agriculture mondiale, les "aides au développement" sont seulement des leurres destinés à dévier le regard de la profonde immoralité de concepts comme les brevets industriels ou/et sur le vivant.

Il en va de même pour la santé. La volonté des industriels pharmaceutiques est de s'enrichir par le Sida grâce aux brevets. La santé mondiale est soumise à la loi barbare du marché capitaliste. Ceux qui ne sont pas solvables peuvent bien mourir de maladies. Ce qui intéresse les industriels pharmaceutiques, c'est de vendre. Le paludisme est probablement la maladie la plus destructrice. Mais comme elle ne touche pas les pays riches, la recherche n'intéresse pas les industriels.

Je m'éloigne un peu de la question de l'immigration. Mais pas tant que ça. Comme c'est une question mondiale, ça implique une structure qui pourrait être qualifiée d'écosystème. Beaucoup d'éléments sont liés entre eux.

La question de la gratuité du savoir se pose aussi pour la terra preta : un savoir qu'il suffit de connaître et qui pour cela est très simple à diffuser. D'ailleurs la redécouverte du principe de la terra preta en 2002 annonçait une véritable révolution agricole… qui n'a toujours pas commencé. Aucun brevet possible, rien à faire payer, juste un savoir gratuit à diffuser pour améliorer considérablement l'agriculture et la lutte contre la déforestation dans toute la zone tropicale (surtout), et ainsi permettre un bond dans le développement des pays en question. Au niveau de la planète, c'est l'amélioration de la richesse générale et des conditions de vie. Mais c'est aussi l'affaiblissement de la suprématie des puissants. Font-ils alors frein à la diffusion de ce genre de savoir gratuit et ainsi au développement des pays dits en voie de ? Je n'en serais pas étonné·e. Cet égoïsme cruel doit cesser. C'est un des principaux freins au développement des pays les plus pauvres. Voir aussi la problématique de la thermoélectricité et de la spiruline.

Et c'est parce que les conditions de vie (développement agro-économique, technique, santé…) dans ces pays sont si précaires que ses habitants veulent autant immigrer.

Asile politique, immigration non-économique

Les raisons d'immigrer ne sont pas toujours économiques. Ce n'est pas forcément la misère matérielle qui est fuit. Ça peut être un régime politique, un ordre religieux, sexiste ou autre qui met en danger de mort, de torture, d'esclavage, d'emprisonnement, de mariage foré, de mutilation génitale, etc…

Extrait de la convention de Genève du 28 / 07 / 1951 : (est réfugiée) “Toute personne qui, par crainte d'être persécutée, du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors de son pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays.” L'exemple d'Ayaan Hirsi Ali est éloquent de la profonde injustice vers laquelle veulent nous diriger Verdonk, Sarcophile et d'autres de manière moins médiatiques. Par un sophisme déshumanisé, ils veulent nous faire croire qu'une personne qui en ajoute à peine sur les risques qu'elle encoure dans son pays d'origine ne mérite pas d'être accueillie. Être menacé de mariage forcé par sa famille et être menacé de mort par des intégristes terroristes pour avoir exprimer ses opinions ne suffit pas à Verdonk. C'est vraiment très loin de l'esprit de la convention de Genève. Il serait temps au contraire de réaffirmer ce principe humaniste, et de l'appliquer, sans se fourvoyer dans des règlements administratifs qui conduisent à des aberrations et de profondes injustices.

Il serait aussi temps (mais cette fois je déborde un peu du sujet… quoi que) de se donner les moyens de protéger les immigrés et leurs descendants de coutumes qui sont interdites dans le pays d'accueil. Lutter en occident par exemple contre les mutilations sexuelles3 et la polygynie.

Pour revenir à la question de l'immigration non-économique, il faudrait donner les mêmes droits aux réfugiés potentiels, quelque soit l'entente entre le pays source et celui cible. Si un individu craint d'être persécuté dans son pays d'origine, le pays qui ne pratique pas la même persécution doit l'accueillir, aussi "alliés" soient les deux pays.

Intégration4

À mi-chemin entre la question de l'immigration économique et politique, se pose l'intérêt et pas seulement économique que peut apporter au pays cible un immigrant, ainsi que la question de l'intégration.

En France, les autorités en arrivent à "renvoyer" (ou menacer de) un mineur tout ce qu'il y a de plus français, dans un pays dont il ne connaît pas forcément la langue. Ce pays a été celui de son / ses parents, mais n'a jamais été le sien (ou si peu qu'il ne s'en souvient pas). Ça remet en question toute l'idéologie de l'immigration dite "choisie". Comment mesurer l'intégration d'une personne et ce qu'elle apporte au pays ? Les politiques actuelles, en particulier en France (Sarcophile) et aux Pays-Bas (Verdonk), veulent donner tout le poids dans les décisions à la seule considération économique. Ainsi sont acceptés les immigrants dont les diplômes et expériences correspondent aux emploies à pourvoir dans le pays cible. Et sont expulsés du pays des personnes qui ont uniquement connu celui-ci, ou y vivent (en vivent et le font vivre) depuis longtemps. Comme si le diplôme garantissait plus l'intégration que le fait d'avoir été éduqué dans le pays. Heureusement certains diplômés préfèrent rester dans leur pays où ils auront plus de possibilité d'évolution de carrière, alors que dans un pays d'accueil ils souffriraient dans leur carrière de la xénophobie ambiante. D'autant que la xénophobie est cultivée par ce genre de politique d'immigration "choisie".

Avec des politiques d'immigration façon Verdonk ou Sacophile, les immigrés, dans les pays de ces ministres, ne sont pas plus proches de valeurs comme la laïcité, la liberté de pensée, de croyance, d'expression, d'opinion et de presse ou l'égalité des sexes, des genres et des orientations sexuelles. Au contraire, le choix se moquera encore plus des valeurs des immigrés. Ce n'est pas leur potentiel philosophique, social, culturel qui intéresse, mais leur potentiel économique.

Qu'est-ce qu'être français, sinon vivre en France (de, par, pour ce pays) ? La nationalité devrait se baser là dessus. On devrait voter vis-à-vis de l'endroit où on vit, où on y joue un rôle. Ça semble l'évidence même et pourtant…

Démographie

La surpopulation accentue la misère des pays les plus pauvres. Il faudrait développer les moyens de contraception (et les moyens de protection contre les IST). Pour cela, il faut des moyens économiques et logistiques. Il faut aussi informer les populations et leur donner les éléments de réflexion.

D'un autre coté, où la contraception est possible, il faudrait pouvoir adopter aussi facilement que procréer (quand il n'y a pas de difficultés de procréation). Dans ce contexte de surpopulation mondiale, il faudrait pouvoir choisir et avoir les moyens de devenir parent sans concevoir un enfant qui devra partager les ressources finies de la planète épuisée et malade.

L'adoption dans un pays étranger (de loin le plus courant) est une forme indirecte d'immigration. D'un point de vue familiale, ce n'est pas le sujet. Par contre d'un point de vue démographique, il s'agit de transfert de population vers un pays plus favorable. Ce peut-être un moyen, à la fois de limiter la natalité (du moins dans le pays cible), et à la fois d'offrir à un enfant né dans la misère l'horizon d'une vie dans un pays riche.

 


1| Les pays cible peuvent être en même temps source. Par exemple, la France est un pays cible pour des pays africains, en particulier les ex-colonies françaises. Ça n'empêche pas la France d'être pays source pour l'immigration vers les USA.

2| Voir Nord et Sud, blancs et noirs...

3| Voir note sur la lutte contre les mutilations : Il suffirait d'effectuer des contrôles sur tous les enfants à certains âges (tous les 2-3 ans ?). Les mutilations sexuelles étant systématiquement repérées et entraînant des poursuites, ce serait une prévention très efficace. La question est de savoir pourquoi ce n'est pas fait.

4| voir "particularisme" en particulier le dernier chapitre pour les questions relatives au "multiculturalisme", au risque d'acculturation, au repli communautaire, etc…

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