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Espoir d'1 rat vert
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16 novembre 2013

L'orientation actuelle de la politique environnementale

Petites mesures hypocrites pour l'environnement, notamment lors du "grenelle" (Ce texte est la reprise d'un commentaire que j'avais fait à cette occasion). Les petites propositions convenues pleuvent mais aucune proposition d'envergure.

Par exemple, il est proposé une réduction des émissions de CO­2 par kilomètre. Mais aucune réduction du kilométrage. La réduction de la vitesse sur autoroute est toujours un plus. Seulement tout ça ne suffira pas à faire diminuer notablement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Quand le sujet de l'incitation au choix des transports collectifs ou non motorisés est abordé, c'est du bout des lèvres. Tout juste si le financement du développement des transports en commun est prévu. Aucune incitation financière sérieuse à délaisser les moyens individuels. Les lobbys de l'automobile et du carburant ne semblent pas vouloir lâcher quoi que ce soit. Et les assurances font oublier ce qu'elles soutirent aux automobilistes. De l'autre coté, le prix du billet de train vient encore d'augmenter. Et comme les voyageurs comparent ce prix à celui de l'essence, ils oublient ce que leur coûte l'achat, l'entretient et l'assurance de leur automobile personnelle. De toute façon, beaucoup sont obligés de posséder une automobile pour garder ou trouver un emploi. Rien n'est envisagé pour empêcher les employeurs d'imposer la possession d'un véhicule personnel. Rien n'est fait pour développer les transports collectifs entre les zones industrielles et zones d'habitation. Rien n'est fait pour que les entreprises basent leurs horaires sur les transports collectifs, au lieu d'imposer d'arriver en avance le matin puis d'attendre la navette le soir. (Voir mon texte sur le véhicule de loisir.)

Alors la "taxe carbone" revient sur le devant de la scène. Et l'accès aux transports est sacrifié au besoin de réduire les émissions de GES. C'est une fausse excuse, qui arrange la droite et les fortunés, pour faire payer tout le monde indépendamment des moyens, et ainsi exclure toujours plus de personnes incapables de payer pour se déplacer. Pourtant en terme d'incitation financière, il y a bien mieux et à la fois bien plus équitable. Il suffit de rendre l'accès aux transports collectifs gratuits financé par un impôt proportionnel aux moyens ou progressif (comme l'impôt sur le revenu pour le niveau national). Et là les voyageurs, d'une part auront accès aux transports quelle que soit leur richesse, d'autre part prendront bien moins leur véhicule personnel. Certains risquent même de s'en débarrasser pour éviter de se faire sucer par les assurances.

Mais le Medef et la droite, voient uniquement par la croissance. Ils veulent toujours plus de consommation : des véhicules à durée de vie minimum qui devront être remplacés, des moyens individuels de transports qui coûtent plus chers et consomment plus que le collectif, des assurances qui ont uniquement comme finalité d'engraisser les assureurs. C'est toujours plus de gaspillages, de besoins et dépendances créés à dessin, de pollution. Heureusement la droite nous explique que c'est pour notre bien, que ce qui importe n'est pas l'accès aux transports mais la somme que nous devons payer. Plus il y a de circulation d'argent, de gaspillage et de pollution plus nous devrions êtres heureux. En tout cas, c'est ce qu'on essaie de nous faire croire. Voir mon texte "écologie et marchés" à partir du chapitre "La notion de croissance nécessite une vue d'ensemble du sujet".

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 Il ne fait pas bon oser remettre en cause la croissance ou l'idée de "taxe carbone", mais il y a bien plus tabou encore : Surtout pas touche à la viande.

Pourtant les rapports abondent, y compris de la FAO1 qui se refuse d'en tirer les conclusions qui s'imposent. Les dernières estimations évoquent une part de la production de gaz à effet de serre (GES) de 18% pour l'élevage. Ce qui comprend ce qu'émet les animaux et leurs déchets, leur transport ainsi que celui du fourrage. Ça ne prend pas en compte le transport, la transformation et le maintien de la chaîne du froid pour la viande. C'est vrai qu'il est plus difficile de chiffrer cette partie, surtout à partir du moment où la viande va être mélangée à d'autres aliments. En tout cas, il est connu que les systèmes de réfrigérations utilisent beaucoup d'énergie2 et donc de gaz à effet de serre. Les consommateurs oublient souvent que pour avoir de la viande dans leur assiette, il a fallu nourrir un animal avant de le tuer et de débiter son cadavre en morceaux présentables. À la production de GES, il faut ajouter le gaspillage des surfaces agraires et de l'eau. Certains s'insurgent de la déforestation du milieu tropical3, en particulier quand c'est pour produire des OGM. Ce qui est moins souvent dit, c'est qu'une bonne part des céréales (dont soja) servent en fait de fourrage. De même en France pour le maïs. Pire même, puisque cette culture consomme beaucoup d'eau et sert en particulier à gaver les oies et canards du Sud-Ouest de l'hexagone (Voir mon texte sur l'impact environnemental du maïs destiné au gavage). Le gavage pousse le gaspillage à son comble : production calorique et nutritionnelle demandant une quantité d'eau et de surface agraire démesurée.

Quand les sols ne sont pas utilisés pour la pâture ou la production de fourrage, c'est les océans qui sont vidés de poissons non directement commercialisables. Les farines d'animaux élevés ont été interdites, mais c'est maintenant aux poissons de servir de nourriture aux animaux élevés sur terre. L'élevage rajoute donc à la sur-pêche. Quant à la sur-pêche directement pour la viande4, elle a dépassé toute limite soutenable. La taille minimum de capture des morues est inférieure à la taille de reproduction, à savoir environ 1/2 mètre pour une espèce qui atteignait avant sa pêche intensive 3 fois cette longueur (et facilement 10 fois plus lourd que la moyenne actuelle !). C'est malheureusement l'ensemble du milieu qui est menacé. Il est temps, non d'imposer de nouveaux quotas hypocrites, mais de faire un moratoire sur la pêche. Les pêcheurs se plaignent de la hausse du prix du carburant. Mais pourquoi y sont-ils si sensibles ? Parce qu'ils doivent aller de plus en plus loin pour aller chercher des poissons et tirent d'immenses filets. La consommation de carburant pour la pêche doit être rajouter au compte de l'impact en GES de la production de viande.

Malgré les marrées noires et dégazages, la pollution des océans est due pour environ 80 % à celle des eaux douces qui s'y déversent. Cette pollution des eaux douces est due pour environ 80 % à l'agriculture (pesticide, nitrates, phosphates…), dont une bonne part à l'élevage (directement + fourrage). En tout l'élevage cause la moitié de la pollution de l'eau5.

La destruction du milieu aquatique et forestier diminue leurs capacités d'absorption des GES. Selon la FAO (dans le cadre en bas de la page http://www.fao.org/AG/fr/magazine/0603sp2.htm) : "Le défrichement et le brûlage des forêts représentent environ 25% de toutes les émissions de carbone dans l'atmosphère dues à l'homme. Tout comme les arbres absorbent le carbone, la déforestation détruit aussi de précieux "puits de carbone"."

Pendant que la planète est souillée, une part croissante de la population humaine meure de faim. Forcément puisque les pays pauvres produisent du fourrage (pas toujours bien adapté aux conditions locales) ou directement du bétail, destinés aux mangeurs de viande d'autres pays. Les pays pauvres, comme l'Éthiopie, pourraient produire suffisamment d'alimentation végétale pour leur propre population. En fait en abolissant l'élevage industriel pour la viande, et en réduisant radicalement l'élevage pour le lait, il y aurait plus de terres et d'eau que nécessaire pour nourrir tout le monde en quantité et qualité6. Les terres supplémentaires pourraient être dégagées de l'activité humaine ou produire de la biomasse pour l'énergie7. "Rien ne pourra être plus bénéfique à la santé humaine ni accroître les chances de survie de la vie sur la Terre, qu'une évolution vers un régime végétarien." : Albert Einstein.

Donc pour enfin lutter efficacement contre la faim dans le monde ; pour réduire significativement les émissions de GES, la pollution en particulier de l'eau et du sol, la déforestation ; il est plus que temps de réduire drastiquement l'élevage et la pêche8. Je ne parle pas ici de l'abolition totale de viande. Ce serait une question, non plus environnementale, économique et sanitaire, mais une question de respect des animaux. Ici aussi les raisons ne manquent pas : http://abolir-la-viande.org.

 


1| La FAO reconnaît que l’élevage est une menace pour l’environnement : http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2006/1000448/index.html et un risque sanitaire : http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2007/1000660/index.html

2| À noter que les systèmes de réfrigérations devraient produire de l'énergie utile et non l'inverse. Puisqu'ils diminuent la température interne, ils devraient absorber cette énergie en trop. Voir "thermoélectricité".

3| Les sols tropicaux sont rapidement lessivés après défrichage. Les agriculteurs défrichent donc toujours plus loin pour trouver des terres fertiles. Par exemple cf : http://www.7sur7.be/7s7/fr/2665/Rechauffement-Climatique/article/detail/434334/2008/09/30/L-Amazonie-aura-disparu-en-2030.dhtml. Contre le lessivage des sols et donc la déforestation et disparition de terres fertiles, il existe une méthode : la terra preta qui permet d'accroître et de conserver la fertilité du sol.

4| Rappel : La viande est tout cadavre animal ou morceaux destiné à l'alimentation. Les expressions comme "la viande et le poisson" sont incorrectes. Le poisson fait partie de la viande. D'ailleurs, "les fruits et légumes" est tout aussi erroné. Les fruits sont des légumes (plantes ou parties de plantes destinées à l'alimentation).

5| Chiffres sur la pollution de l'eau à vérifier.

6 | Pour ceux qui sont intoxiqués par les propagandes mensongères des filières viande, je rappelle que la viande n'est pas nécessaire pour vivre en bonne santé. Bien au contraire. Les exemples ne manquent pas de personnes végétariennes. Des millions de personnes (environ 1 milliard) le sont actuellement. Les exemples de célébrités intellectuelles ou sportives ne manquent pas non plus : Léonard de Vinci, Voltaire, Gandhi, Lincoln, Edwin Moses, Carl Lewis, Dave Scott, Martina Navratilova, etc.

7| À noté que les agro-carburants ne sont pas une solution miracle. Ils peuvent être intéressants dans un contexte de disparition de l'élevage industriel et donc de disponibilité de terres agraires. Mais dans le contexte actuel, il faut comprendre qu'ils prendraient ses terres à l'agroalimentaire. Faire rouler les riches au prix de la famine des pauvres n'est certainement pas une solution. Et encore, même en libérant des terres, les agro-carburants ne semblent pas si intéressants. Leur impact environnemental étant semble-t-il largement sous-évalué. Le maïs en particulier nécessite beaucoup d'eau et de pollution, et sa transformation en carburant nécessite beaucoup d'énergie.

8| Lire aussi : "Les conséquences écologiques de la consommation de viande" sur http://www.vegetarismus.ch/info/foeko.htm et "Filière animale et climat" sur http://www.meatclimate.org/sites/default/files/reports/meatclimate_french.pdf

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