Égalitarisme

Mes opinions sont égalitaristes au sens d'égalité de considération des intérêts. Ce qui s'oppose à toute forme de discrimination (et d'oppression, exploitation qu'elle permet), d'essentialisme, de naturalisme, de communautarisme. En effet (ma vision de) l'égalitarisme est une philosophie de l'individu et non du groupe. Elle considère chaque être en fonction des intérêts qu'il a et non en fonction de la catégorie à laquelle il est supposé appartenir. Par exemple, si un être peut ressentir de la souffrance, il a un intérêt à ne pas souffrir qui doit être pris en compte, indépendamment de toute (prétendue) appartenance. Un être qui a un intérêt à vivre, ne doit pas être tué. De même une personne capable de prendre des décisions la concernant (libre arbitre) ne doit pas avoir ses choix usurpés par d'autres. L'optique égalitariste fait évidemment le lien entre les différentes formes de discriminations. Une opposition au racisme mais pas au sexisme n'est pas logique puisque le mécanisme est le même dans les deux cas. S'opposer à ces deux discriminations mais pas à l'espécisme ne serait pas plus cohérent. En effet, ce qui compte est la prise en compte des intérêts des êtres qui en ont. L'appartenance ou non à l'espèce humaine n'est pas un critère justifiable, pour prendre en considération les intérêts des humains et non ceux des animaux non-humains. La façon dont on doit traité un individu dépend non de son espèce mais de son aptitude notamment à ressentir la souffrance et le plaisir.

On pourrait aussi parler de philosophie utilitariste. Mais ce mot a une très mauvaise connotation, qui est très loin de la réalité du mouvement éthique. Le mot évoque l'égoïsme, l'instrumentalisation d'autrui, la marchandisation. Cette connotation est assez proche du capitalisme et de la loi du plus fort qui le sous-tend. L'utilitarisme est plutôt l'opposé, puisqu'il cherche, pour simplifier, à maximiser les plaisirs et minimiser les souffrances... mais de tous ceux qui peuvent être affectés par ses plaisirs ou souffrances. Ce n'est donc pas du tout égoïste. Au contraire, c'est la recherche de la prise en compte juste des intérêts de chacun.

En fait, l'égalitarisme est la base de toute ma philosophie. C'est un principe de base qui induit directement une vision libertaire ou encore l'idée de "à chacun selon ses besoins, de chacun selon ses moyens". Cette formule ne doit pas être interprétée seulement sur le plan matériel. Même dans cette limite, l'expression est galvaudée. La plupart de ceux qui la clament voire s'en réclament l'envisage uniquement dans certains cas. Des gauchistes vont dire que la santé doit être financée en fonction des moyens et les soins accessibles en fonction des besoins. Et les mêmes vont revendiquer une retraite à taux plein, non pas pour parer au plus urgent, mais comme modèle ultime. Pourtant le revenu passé d'une personne ne reflète pas ses besoins une fois à la retraite. L'égalitarisme implique de satisfaire au mieux, notamment équitablement, les besoins des retraités. S'il faut pour cela une retraite ou allocation, elle doit être proportionnelle aux besoins. On peut aussi financer directement des soins ou autres services, plutôt que verser une allocation à une personne pour qu'elle les paie. L'égalitarisme s'applique sur les autres plans. Il induit l'opposition à toute forme de punition notamment carcéral ou envers les enfants, même celle dite éducative. Il en va de même pour la récompense* ou pour l'idée de redevabilité, et évidemment pour la vengeance. Tout ça questionne le mérite. De manière plus ou moins indirecte la vision égalitariste implique tout le reste. C'est la racine, le point de départ à partir duquel les idées se développent en se ramifiant vers des considérations de plus en plus sectorielles, bien que toujours liées, au moins par cette racine commune.

Voir aussi cette vidéo d'un entretien avec un égalitariste. Ce n'est pas moi. Mais je me retrouve totalement dans la vision de cet égalitariste.

* Comme le dit Alfie kohn dans le titre d'un de ses écrits : la récompense punie. Ne cherchez pas la version traduite en français, elle n'existe pas.